Le longeron est la base de tout aile et donc de l’avion.
Sa construction doit être soignée car il supporte beaucoup de charges.
Le longeron dessiné par Tissot avec son double dièdre, est la seule chose qui le distingue d’un DR de Délémontez-Robin.
Robin fabrique ses semelles de longerons de DR400 à partir de lattes carres collées.
Comme ils l’expliquent dans leur blog, c’est pour éviter des problèmes qui seraient dus à des anomalies dans le bois. Prendre plusieurs petits bouts et les coller ensemble est meilleur qu’un seul gros morceau.
La colle étant la dernière chose qui est censé lâcher dans un assemblage en général.
Les semelles de longeron sont donc en lamellé collé.
Tissot préférant assembler des épaisseurs de 6mm pour arriver à 30mm et 36mm d’épaisseur de semelle pour l’inférieure et la supérieure respectivement.
Je ne connais pas le pourquoi des 36mm au lieu des 30 utilisés par Robin.
Un exemple de vue en coupe d’un longeron de DR400 accidenté

On distingue bien les lattes des semelles ainsi qu’un diaphragme.
Comme je l’ai souligné dans l’autre billet de blog concernant les diaphragmes de bout d’aile , Tissot semble avoir commis des erreurs dans ses plans, ou dans les cotations. C’est malheureusement une chose récurrente.
Le longeron avec les premières nervures faisant un tout qui permet d’attacher le fuselage à l’aile, (et non l’inverse ), il faut que tout s’accorde parfaitement.
Comme décrit dans le dernier billet sur le caisson de train ( ici ), la nervure N1 est à recalculer en fonction du fuselage qui n’est pas défini sur les plans de l’Ocenair de Tissot, et que je vais devoir dessiner.
Un exemple des plans

Pour comparer, le plan de Tissot à côté de celui de Délémontez.
Je ne pense pas que c’est visible sur ces images, mais les côtes de vues de dessus et de dessous sont identiques, et des annotations laissées par Délémontez sur son plan, sont copiées mot pour mot alors qu’elles ne font aucun sens pour le TC. Par exemple, la mention pas d’enture sur les contreplaqués supérieurs et inférieurs au niveau du raccord entre la partie sans dièdre et l’extémité de l’aile avec un dièdre prononcé, ainsi que les marques représentant les jointures entre les différentes parties des semelles au même niveau, ne font aucun sens sur le TC, car le contreplaqué et les semelles sont continus, sans aucune cassure ni raccord.
Pour les cotations, Tissot ne s’est pas tellement embêté, horizontales ou à angles, peut importe, il les additionne et arrive magiquement à celles de Délémontez.
Un exemple, on part d’une cote à 1270mm du centre du longeron, pour arriver à une autre à 2720mm.
Sur un longeron horizontal, on s’entend que ça fait 1450mm de différence, que l’on peut subdiviser pour espacer des diaphragmes par exemple.
Tissot lui part de 1270mm avec une pente de 4.5˚, continue les cotes en pente, 350, 370, 370 et 360, et arrive bien à 1720mm à l’horizontal. Si je sais encore faire un cosinus, la cote horizontale en bout devrait être de 1445mm arrondis à .53 près.
Ce sont des maths basiques, qui pourtant sont nécessaires lorsque l’on cote un plan et qu’on veut être juste.
Les 5mm de différence induits ne sont pas grand chose sur 1450mm, c’est certain, pourtant un manque de rigueur peut mener à d’autres erreurs et des catastrophes. La première Ariane 5 est un exemple.
Et je me dis que si Tissot prend de telles libertés à ce niveau là, où en a-t-il pris ailleurs ? Dans ses calculs de charge par exemple ? J’espère que non.
L’épaisseur de longeron est à 191mm non recouvert. La raison, je l’ignore, mais les longerons des Jodel et Robin sont à 190mm.
1mm ce n’est rien, sauf quand il faut passer des nervures sur le longeron et que la tolérance est serrée.
Alors justement, 191mm additionné des deux épaisseurs de revêtement de CTP 3.2mm, on arriverait à 197.4mm.
La mesure à l’intérieur des nervures est de 197mm et des poussières. Ça risque de forcer un peu !
On m’a toujours appris, à commencer par mon père, que le jeu est l’âme de la mécanique.
Je vais donc en laisser un peu et revenir aux 190mm de Délémontez.
D’un point de vue structurel, ça ne changera pas grand chose.
Pour ma part, je vais redessiner le longeron avec les bonnes cotes en enlevant les artifacts et erreurs lorsque Tissot a recopié les plans de Délémontez.
Ce sera aussi un double dièdre mais les angles vont changer un peu pour respecter l’envergure d’un DR400 et que les diaphragmes soient correctement ajustés dans les bouts d’aile.
Ça donnerait à peu près ceci vu de face.

Ça donne une idée de la forme, il reste à reprendre tout les composants et à les dessiner.